Ce n’est plus une exception. Le nombre de femmes qui tombent enceinte après 40 ans augmente en France, où l’âge de la maternité n’a pas cessé de reculer depuis le milieu des années 70. Progrès de la contraception, mariage tardif, études prolongées, carrière, seconde union et développement des techniques d’assistance médicale à la procréation (AMP) ont reculé les limites de la maternité. Mais ces grossesses tardives sont-elles la panacée ?

Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), les femmes sont deux fois plus nombreuses qu’il y a vingt ans à accoucher après 40 ans. Pour autant, il n’est pas possible de parler de phénomène puisque ces grossesses restent encore peu répandues. C’est toutefois une réalité et… un risque. En effet, plus personne n’est sans savoir que plus une femme attend pour avoir un enfant, plus elle court le risque de ne jamais en avoir… La qualité comme le nombre des ovocytes décroît avec l’âge, et même avant la naissance. Le nombre de follicules – ces poches qui contiennent les ovocytes – contenus dans les ovaires s’élève à 5 à 7 millions in utero (vers 5-7 mois), n’est plus que de 2 millions à la naissance, de 300 000 à la puberté et ainsi de suite jusqu’à la ménopause qui se manifeste quand le seuil de 1 000 follicules est atteint. De la même façon, la qualité du sperme s’amoindrit après 45 ans et augmenterait même le risque d’anomalies congénitales. Ainsi, à 25 ans, un couple a 25 % de chances de devenir parents ; cette probabilité tombe à 10 % à 30 ans, à 6 % à 40 ans.

 

femme enceinte sur un lit tenant deux cubes indiquant 40 ans

 

Taux de fécondation in vitro (FIV)

Et les techniques d’AMP ne compensent pas l’effet de l’âge ! Selon le  Collège national des gynécologues et obstétriciens français, le taux de succès de la fécondation in vitro à chaque tentative est supérieur à 20 % jusqu’à 37 ans mais n’est plus que de 6 à 8 % à 42 ans (hors don d’ovocyte). Le don d’ovocyte permet justement d’accroître les chances de grossesse mais les délais d’attente sont longs et la procédure difficile. L’AMP a certes énormément progressé mais y faire appel peut relever du parcours du combattant.

Par ailleurs, l’âge de la mère n’est pas sans conséquence sur sa grossesse : à la quarantaine, le taux de fausses couches spontanées atteindrait 33,8 % contre 11,7 % entre 30 et 34 ans et 17,7 % entre 35 et 39 ans. Les grossesses tardives sont aussi à risque de diabète gestationnel et d’hypertension artérielle, mais aussi de prématurité. S’y ajoutent, au moment de l’accouchement, un travail plus long, des hémorragies plus fréquentes et beaucoup plus de césariennes, même en urgence. Sans compter le risque de mortalité maternelle qui, lui aussi, augmente.

Pour autant, il ne s’agit pas de faire peur mais d’informer les futures mères à la fois de la baisse réelle de fertilité avec l’âge et des risques d’une grossesse sur le tard. Le savoir permet de ne pas trop attendre avant de consulter un centre d’AMP par exemple après plusieurs mois de rapports sexuels infructueux et, surtout, de faire en sorte d’être particulièrement bien suivie tout au long des neuf mois tant espérés. Une bonne hygiène de vie peut en outre couronner de succès les tentatives de procréation.