Faire appel à un donneur de sperme est une décision cruciale dans la vie de parents. De nombreux couples font appel au don de sperme, les raisons sont multiples : en cas de stérilité du conjoint, par absence ou rareté des spermatozoïdes ou par absence du pouvoir fécondant de ces derniers, par anomalie génétique chez le conjoint qui pourrait être transmise à l’enfant ou encore dans le cas d’un conjoint souffrant d’une maladie sexuellement transmissible grave, comme le sida.

En France, la gestion des dons de spermatozoïdes et ovocytes est régie par la Fédération Nationale des Centres d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme humains (CECOS). En quarante ans, plus de 50 000 enfants sont nés d’un don de sperme.

Aussi, beaucoup de questions entourent cette décision. Parmi toutes ces interrogations, l’annonce aux proches et à la famille est souvent une étape importante. Au moment de prendre cette décision, il faut aussi penser aux conséquences sur l’enfant à naître et bien sûr à l’explication à lui donner. Faut-il expliquer à son enfant comment il a été conçu ? Quand et comment lui dire ? Autant de questions délicates mais essentielles à la construction d’un enfant issu d’un don de sperme.

 

Mère qui discute avec sa fille sur un lit

 

Le don de sperme en France

Tous les ans, des milliers de couples ayant des problèmes de fertilité s’adressent à l’un des 23 CECOS afin d’entamer une procédure de don de sperme. Si depuis quelques années, les dons de sperme sont en baisse, ils n’en restent pas moins une pratique courante en France. Il peut d’ailleurs se faire dans un cadre institutionnel, au sein d’une clinique ou d’une banque de sperme, mais aussi dans un cadre privé, c’est-à-dire de façon artisanale. Lorsqu’un couple fait une demande, le dossier est examiné par le CECOS. Lorsque le dossier est accepté par les professionnels du centre, il faut rechercher au sein des échantillons de sperme, celui qui vient d’un donneur dont les caractéristiques se rapprochent le plus du couple receveur : couleur des yeux, couleurs des cheveux, couleur de la peau, groupe sanguin compatible…

Mais si le don de sperme est une pratique plutôt répandue en France, les réglementations sont nombreuses. Parmi ses règles, le don de sperme doit être gratuit et volontaire, le donneur doit être âgé de moins de 45 ans et il doit déjà être père, il ne doit pas être porteur de maladies génétiques et il doit rester anonyme. Cette dernière réglementation fait d’ailleurs l’objet de nombreuses critiques ces dernières années, notamment face aux demandes répétées d’enfants nés de dons, n’ayant pas accès à leurs origines. Le couple receveur ne doit pas forcément être en couple mais il doit être hétérosexuel en âge de procréer sans pouvoir avoir d’enfant pour causes médicales.

Aussi, une fois ces vérifications faites, le don de sperme peut avoir lieu. Quatre techniques existent : l’IAD, qui correspond au simple dépôt de sperme décongelé au niveau de la glaire cervicale, l’IIU-D, association de l’insémination intra utérine et du don de sperme, la FIV-D, association de la technique de la fécondation in vitro et du don de sperme et l’ICSI-D, association de la technique de micro-injection et du don de sperme.

Mentir ou pas?

Une fois que l’enfant est né, la question de l’explication à son enfant se pose rapidement. L’enfant grandit est-il est nécessaire d’aborder le sujet avec lui. Il ne faut pas lui mentir, ou carrément omettre de lui dire la vérité. Car si le don de sperme est anonyme, il ne doit pas être associé au silence des parents. Le CECOS conseille d’ailleurs vivement aux futurs parents d’aborder la question avec leur enfant, dès le plus jeune âge. Garder le silence sur la façon dont a été conçu l’enfant n’aiderait pas à sa construction. Et s’il est nécessaire d’aborder le sujet, c’est aussi parce que cette particularité fait partie intégrante de votre enfant et qu’il doit apprendre à l’accepter, à grandir avec et à en faire une force. Votre enfant a besoin de bases solides pour se construire, et c’est à ses parents de lui donner. Naître d’un don de sperme n’est pas une tare.

L’annoncer, oui, mais quand et comment?

Le CECOS conseille aux parents d’aborder le sujet avec leur enfant entre l’âge de 3 et 5 ans. Une explication qui peut paraître précoce mais qui est nécessaire. Il faut alors trouver les mots et expliquer les raisons de ce don de sperme. L’enfant a besoin de comprendre pourquoi ses parents n’ont pas pu le concevoir « naturellement » et pourquoi ils ont choisi cette option. Les mots peuvent être simples. Un enfant de 3 ans est tout à fait apte à comprendre. Et si certaines nuances lui échapperont sûrement, la façon dont il a été conçu est un sujet qui reviendra de toute façon régulièrement durant sa croissance et même après. Le sujet ne doit pas être tabou et il doit être abordé sereinement.

Quant à l’explication du don de sperme en lui-même, il doit être aussi simple que l’explication de la conception d’un enfant : « les petites graines de papa n’arrivaient pas à venir jusqu’à l’œuf de maman, alors on a pris les petites graines d’un autre papa pour les mettre dans l’œuf de maman». Bien sûr, cela déclenchera une avalanche de questions de l’enfant, l’essentiel est le rassurer et de lui faire comprendre que son papa, c’est celui qui est juste là, à côté de lui et qui s’occupe de lui depuis sa naissance. Il faut aussi que votre enfant comprenne qu’il est comme tous les autres enfants. Il ne faut pas qu’il se mette à part ou qu’il pense que sa conception diffère de celle des autres enfants.

Comment se construire sans connaître ses origines?

Vient plus tard la question de l’origine du donneur. Si on peut accepter d’être né d’un don de sperme, il est cependant plus compliqué à accepter l’anonymat qui entoure le donneur de sperme. Certains sont pour la levée de l’anonymat, qui permettrait aux enfants de connaître leurs origines s’ils en font la demande, d’autres défendent farouchement l’anonymat du don, permettant aux donneurs d’être plus libres dans leur démarche. Peu importe, l’important est de comprendre son enfant et son besoin de se construire en se raccrochant à des origines. Il est essentiel de faire comprendre à votre enfant qu’il connaît une partie de ses origines, puisqu’il est issu de l’ovocyte de sa mère, et que les origines ne sont pas forcément celles qui nous composent intrinsèquement mais aussi celles que l’on se crée. Il faut aussi rappeler à votre enfant que s’il est issu d’un don de sperme, c’est aussi parce qu’il est un enfant profondément désiré. Votre enfant a avant tout besoin de se sentir soutenu, accompagné, épaulé et écouté à chaque étape de sa vie.