Choisir de congeler ses ovocytes

Congeler ses ovocytes… Quelle femme désireuse d’avoir des enfants mais toujours célibataire à l’approche de la quarantaine n’y a jamais pensé ? Parce que l’histoire personnelle, la carrière professionnelle ou les aléas de la vie n’ont pas permis de bâtir une vie de couple dans les temps qu’impose l’horloge biologique, de plus en plus de trentenaires caressent l’idée de congeler leurs ovocytes. Autrement dit, de mettre toutes les chances de leurs côtés pour qu’un jour leur rêve de famille se réalise. Mais la pratique n’est pas autorisée en France. De fait, ces femmes tentent l’aventure en Espagne ou en Belgique.

Encore aujourd’hui, on pourrait croire à de la science-fiction. Imaginez : faire congeler une partie du corps humain pour qu’elle cesse de vieillir, la faire comme s’arrêter dans le temps, et la conserver pour pouvoir l’utiliser, plus tard, dans l’état dans lequel on l’avait laissée, sans dommages. C’est aujourd’hui chose possible en dehors de nos frontières pour les ovocytes, cette cellule féminine qui permet la reproduction. Une révolution scientifique qui laisse à certaines femmes une chance de pouvoir faire des enfants lorsqu’elles y seront prêtes. Et non pas parce que leur âge physiologique, et donc celui de leurs ovocytes, le commande.

 

Illustration congélation ovocytes fertilité

 

Après la contraception qui a permis au sexe féminin de choisir s’il voulait ou non un enfant, la vitrification des ovocytes lui permet de choisir quand. Une liberté que la France a jusqu’à présent refusé d’octroyer aux femmes… mais pas à ces messieurs. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) rappelait en 2012 que les hommes peuvent décider, par convenance, d’autoconserver leurs gamètes – dans ce cas, leur sperme – et dénonçait une situation injuste et injustifiée. Dans son plaidoyer pour, selon ses propres termes, l’autoconservation sociétale des ovocytes, le CNGOF voit dans les progrès médicaux en matière de vitrification une immense opportunité pour les femmes dont l’âge de la maternité ne cesse de reculer.

Age maximum de récupération de ses ovocytes à 50 ans en Espagne !

Pour autant, le CNGOF mesure les risques de l’ouverture de cette technique pour convenances personnelles, comme celui de voir augmenter encore le nombre de grossesses tardives, et les risques qui vont avec pour la mère comme pour l’enfant : si les ovocytes ont pu rester jeunes, ils se retrouvent accueillis dans un corps qui, lui, a souvent dépassé 40, voire 45 ans.

Pire encore, le CNGOF ne souhaiterait pas nourrir de faux espoirs. Le collège de gynécologues mentionne une étude selon laquelle le taux de naissances atteint au mieux 62 % après autoconservation des ovocytes et souligne qu’il faudrait idéalement faire vitrifier ces derniers avant 35 ans. Quand la Belgique a fixé l’âge maximum de récupération de ses ovocytes à 47 ans et l’Espagne à 50 ans, d’aucuns parlent de s’en tenir à 45 ans en France.

Autant de précautions qui ne demandent qu’à être précisées et qui n’empêchent pas le CNGOF de prôner ouvertement cette possibilité, moyennant une information en bonne et due forme auprès des femmes concernées. D’autant que si la mesure nécessiterait certes un financement ad hoc, se pose la question des coûts évités à l’Assurance maladie quand la prise en charge de l’infertilité est inefficace. Mais le ministère de la Santé ne semble pas pour l’instant ouvert au débat.

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