Les médicaments à éviter pendant la grossesse

Les femmes enceintes sont confrontées à certaines contre-indications en matière médicamenteuse. En effet, les médicaments consommés pendant la phase de grossesse peuvent avoir des conséquences plus ou moins importantes sur l’état de santé général, que ce soit de la mère et/ou du futur enfant à naître. Ainsi, certains médicaments précisent dans leurs notices une mise en garde destinée aux femmes enceintes. D’autres indiquent que ces dernières doivent au préalable demander l’avis de leur médecin. D’autres enfin prévoient une contre-indication claire et nette.

Des contre-indications en fonction de votre état de santé

Aujourd’hui et en l’état actuel des recherches, les scientifiques n’ont pas suffisamment d’informations pour se positionner sur les effets de tous les médicaments commercialisés. Ainsi, cette incertitude quant à différentes molécules explique que les médecins prescrivent parfois des médicaments différents suivant les femmes enceintes qui viennent les consulter. Tout dépend en réalité de l’état de santé de la future maman, de la fréquence et intensité de ses douleurs, de son âge et de ses antécédents (médicaux notamment).

 

femme enceinte souffrant de nausées matinales

 

Lorsqu’il prescrit un médicament quel qu’il soit, le praticien fait un calcul entre le risque et le bénéfice du traitement médicamenteux conseillé. Le Centre de Référence sur les Agents Tératogènes (CRAT) publie néanmoins des données intéressantes et très fiables qui permettent aux praticiens d’avoir une idée des dernières publications en matière de molécules commercialisées. Cela peut aussi vous aider à y voir plus clair, en entrant directement le nom du médicament dans la barre de recherche.

Des contre-indications selon le développement du fœtus

Se médicamenter avec telle ou telle autre molécule requiert de prendre en considération l’état de santé de la mère ainsi que l’état de développement du fœtus. En effet, en dehors du seul risque lié au médicament, la chronologie du développement fœtal est à prendre en compte.

On peut ainsi distinguer plusieurs périodes considérées par les professionnels de santé comme étant les plus dangereuses : à partir de 4 semaines d’aménorrhée, bien que cela soit variable selon le développement de l’embryon. Après 10 semaines, le développement des organes et leur maturation peuvent être freinés ou altérés par la prise de certains médicaments par la mère. Ensuite, à compter de la 13e semaine, le fœtus peut subir de plein fouet les effets de certains médicaments, au moment de son passage transplacentaire. La difficulté réside dans le fait que certaines substances médicamenteuses peuvent être de nature à entraîner des malformations chez les nouveau-nés et que certains médicaments ne pourront s’éliminer de l’organisme que plusieurs jours après la naissance.

Rappelons à cet effet que les malformations congénitales sont présentes chez environ 3 % des enfants à leur naissance et que les causes médicamenteuses représenteraient environ 5 %. Certaines sont mises en lumière plus tardivement, ce qui fait passer ce taux à près de 5 % pour les enfants âgés de moins de 6 ans. Certaines anomalies sont constatées à l’âge adulte : c’est le cas du Distilbène dont l’exposition in utero a entraîné des anomalies morphologiques et fonctionnelles chez certaines personnes une fois atteint l’âge adulte. Ces individus ont ainsi été notamment confrontés à un risque plus élevé de cancers et à une infertilité.

Grossesse et antalgiques

Les contre-indications médicamenteuses concernent notamment les médicaments prescrits pour apaiser la douleur, autrement dit les antalgiques.

  • l’ibuprofène, le kétoprofène et l’aspirine à une dose supérieure à 500 mg par jour sont contre-indiqués pour toutes les femmes enceintes avant le 5e mois de grossesse. L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens ont en effet des incidences réelles sur la santé de la mère et de l’enfant à naître qui peuvent être plus ou moins importantes, surtout pendant les premiers mois de gestation. Le risque existe, même si la prise est unique. Évitez donc d’en prendre, y compris en guise de traitement ponctuel
  • les gels anti-inflammatoires sont à éviter au maximum puisque l’application locale favorise leur incorporation dans la peau. Or, ces derniers peuvent traverser la peau pour se rendre ensuite dans le sang, ce qui expose le fœtus à des risques similaires à la prise orale. L’avis médical doit obligatoirement être obtenu au préalable
  • la codéine, qui est prescrite comme solution de soulagement des douleurs modérées à fortes, n’est à prendre qu’après un avis médical. Certains nouveau-nés peuvent souffrir d’insuffisance respiratoire du fait d’une prise élevée de codéine avant l’accouchement. Il en va de même chez certaines mères qui ont reçu un traitement de codéine à faible dose, de manière régulière. Dans ce cas, le nouveau-né est bien souvent pris d’un syndrome de sevrage.

Grossesse et antibiotiques

Pendant le premier trimestre de grossesse, toute prise d’antibiotiques est formellement déconseillée. Passé ce trimestre, les antibiotiques sont également contre-indiqués, dans une moindre mesure néanmoins. N’oublions pas qu’il s’agit de médicaments faisant partie de différentes familles (cyclines, aminosides, quinolones) et que leurs effets sont importants pour la santé.

Chez l’enfant, une prise d’antibiotiques peut être à l’origine de plusieurs situations indésirables :

  • une coloration des dents de lait, surtout si la prise a eu lieu pendant le 2e ou le 3e trimestre de grossesse
  • des problèmes auditifs et rénaux chez le fœtus
  • une atteinte articulaire.

Plus concrètement, voici une liste non exhaustive d’antibiotiques fortement contre-indiqués pendant la grossesse : APURONETROBICINE, STREPTOMYCINE, NOXYFLEX, COLISTINE injectable, ISEPALLINE, THIOPHENICOL, GENTALLINE, NEBCINE, NETROMICINE, AMIKLIN.

Dans tous les cas, même si un antibiotique apparaît à prime abord sans danger, il est fortement conseillé de demander au préalable l’avis d’un professionnel de santé. Seul ce dernier pourra vous informer au mieux sur les différents composants du médicament et ses effets pour votre santé ainsi que celle de votre futur enfant.

Femmes enceintes : attention à l’automédication

En tant que femme enceinte, vous devez être particulièrement vigilante à l’automédication puisque prendre un médicament sans avis médical préalable peut vous exposer à des problèmes de santé importants. Tout au long de la grossesse et dans les mois suivant l’accouchement, évitez toute automédication, ce qui inclut également tous les médicaments vendus sans ordonnance en pharmacie. Il en va de même pour les médicaments prescrits par votre médecin et à prendre sur une certaine période. En effet, ayez à l’esprit qu’un médicament prescrit pendant le second trimestre de la grossesse ne sera pas à prendre au premier trimestre ni au troisième par exemple.

Grossesse et antidépresseurs

Au même titre que les médicaments traitant les troubles mineurs ou modérés du sommeil (somnifères), les antidépresseurs peuvent avoir des conséquences désastreuses sur le fœtus. En effet, plusieurs études scientifiques font état d’un risque de malformation cardiaque chez l’enfant ayant été confronté à des antidépresseurs pendant sa formation (la paroxétine et la fluoxétine entre autres). Évitez de prendre des antidépresseurs pendant toute la période de la grossesse, en particulier en début.

La prise de ce type de médicaments peut aussi être à l’origine de l’apparition de troubles autistiques chez certains enfants nés de mères ayant été traitées par prise d’antidépresseurs pendant les 2e et 3e trimestres de grossesse.

Tous les médicaments destinés à réguler l’humeur sont aussi concernés : le divalproate, le valpromide et l’acide valproïque parmi eux. Leurs effets peuvent être intenses : dysfonctionnement de l’appareil digestif ou du système nerveux, malformations diverses et notamment du cœur… On dénombre d’ailleurs de nombreuses malformations cardiaques chez les enfants, dont l’origine est à trouver dans la prise de lithium par la mère pendant la grossesse. Si un risque subsiste, votre médecin vous fera passer un examen afin de connaître de manière transparente l’état de santé de l’enfant à naître et vous prescrira les médicaments adaptés.

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