Le premier bébé né après une greffe d’utérus

La Suède a la joie de vous annoncer l’arrivée de Vincent, 40 cm, 1,775 kg et… une maman née sans utérus. Cette grande première mondiale, au-delà de l’exploit scientifique, porte avec elle un immense espoir pour les femmes concernées. Ce bébé a en effet pu voir le jour au mois de septembre grâce à une greffe d’utérus. Un évènement relayé par la revue médicale britannique The Lancet.

On ne compte dans le monde que onze greffes d’utérus. Et aucune n’avait encore abouti à une naissance. L’une d’entre elles, réalisée en Arabie Saoudite, avait dû être interrompue trois mois plus tard parce que l’utérus greffé devenait nécrotique. Il a dû être retiré. Une autre greffe, conduite en Turquie cette fois, venait d’une donneuse décédée et a bien conduit à une grossesse, mais qui se conclut par une fausse couche six semaines après.

 

mains tenant utérus appareil reproducteur feminin

 

La douzième transplantation au monde fut donc la bonne. La jeune et heureuse maman est une Suédoise âgée de 36 ans qui souffrait d’un syndrome de Rokitansky et a pu bénéficier, un an plus tôt, d’une greffe d’utérus grâce à une amie de sa famille. Cette donneuse, toujours vivante, a 61 ans et est ménopausée depuis sept ans. L’opération a duré dix heures.

L’embryon avait préalablement été conçu in vitro, en utilisant les ovules de la patiente, puisque ses ovaires étaient intacts, et le sperme de son compagnon. Si l’enfant pesait moins de 1,8 kg à la naissance, ce poids est normal au cours d’un accouchement déclenché à la 31e semaine de grossesse, du fait d’une pré-éclampsie, une complication fréquente. Né par césarienne à Göteborg, lui comme sa mère sont aujourd’hui en parfaite santé. Surtout, ils ouvrent tous deux la voie au traitement de nombreuses jeunes femmes à travers le monde, nées elles aussi sans utérus. Une cause d’infertilité qui, jusqu’à présent, restait la seule que le corps médical ne savait pallier.

L’espoir pour une centaine de Françaises

Dix années de travaux ont abouti à ce petit miracle, qui a pour autre particularité d’être la première greffe éphémère. En effet, il est impossible de conserver cet utérus transplanté pour une seconde grossesse. En partie pour éviter les lourds effets secondaires des médicaments administrés aux greffées pour éviter les rejets.

Qu’à cela ne tienne, le gynécologue et obstétricien René Frydman, célèbre pour avoir permis la naissance du premier bébé-éprouvette au sein de l’hexagone, estime qu’une centaine de Françaises pourraient avoir besoin de faire appel à cette technique pour un jour imaginer fonder une famille, qu’elles souffrent d’une absence congénitale d’utérus ou qu’elles aient subi une hystérectomie (l’ablation chirurgicale de tout ou partie de l’utérus en raison d’un cancer ou d’une hémorragie lors d’une précédente grossesse par exemple). Dans le monde, une fille sur 4 500 naît avec un syndrome de Rokitansky, qui peut aussi se caractériser par l’absence d’une partie du vagin.

Toutefois, la greffe d’utérus soulève quelques questions éthiques puisque la donneuse peut être vivante : un enfant qui prend vie dans l’utérus d’une autre appelle à certaines précautions, surtout quand il s’agit d’une femme de l’entourage. Les mêmes questions et précautions qui avaient précédé les débuts de la procréation médicalement assistée en France. L’espoir est donc permis ! D’autant que les femmes concernées n’avaient aujourd’hui pour unique recours que la gestation pour autrui, toujours interdite en France.

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