La Grossesse gémellaire
Aucun doute n’est permis, lors de votre dernière échographie de contrôle, l’image était claire ! Vous ne voyez pas double ! Deux embryons se développent en vous. Vous connaissez ainsi une grossesse dite gémellaire. Vous attendez des jumeaux ! Une belle aventure vous attend. Si la grossesse est déjà une expérience riche en émotions, avec des jumeaux, c’est deux fois plus d’aventures, de joie, mais aussi d’interrogations. Nous répondons ici à quelques questions essentielles pour appréhender votre grossesse avec plus sérénité.
Quelques explications s’imposent !
Termes et définitions
La grossesse gémellaire renvoie à la grossesse de jumeaux, donc de deux embryons qui se développent et grandissent dans votre utérus. Les grossesses dites multiples sont des grossesses où se développent plus de deux embryons (trois, quatre, cinq, etc.) La jeune maman mettra alors au monde des triplés, quadruplés ou quintuplés. Tandis que la grossesse unique renvoie au développement d’un seul fœtus.
Les jumeaux seront, selon leur conception, des jumeaux monozygotes ou des jumeaux dizygotes.
Grossesse gémellaire : deux cas de figure de zygosité
La grossesse gémellaire peut se définir en deux cas de figure bien différents.
Premier cas, le plus fréquent : la rencontre entre deux ovules matures et deux spermatozoïdes distincts. Les deux spermatozoïdes sont parvenus à féconder un ovule mature chacun. Dans ce cas, on parle de jumeaux dizygotes, bivitellins, faux jumeaux ou encore de jumeaux fraternels. Les deux fœtus formés en même temps sont pourtant complètement indépendants et autonomes l’un de l’autre. Ils ne partagent que 50% du même ADN. Ils pourront être de sexes différents et ne se ressembleront pas à la naissance.
Second cas, plus rare : un seul ovule est fécondé par un seul spermatozoïde. Au moment du développement, deux parties égales se décrochent pour former deux embryons. Il s’agit alors de jumeaux monozygotes. Ils ont le même patrimoine génétique (le même ADN), se ressembleront physiquement énormément et auront le même sexe. Les fœtus peuvent aussi partager le même placenta et le même liquide amniotique ou pas, les cas de figure varient là encore.
L’importance de la chorionicité
Si la zygosité est très importante pour les futurs parents, elle l’est beaucoup moins pour les médecins qui ont en charge le suivi obstétrical. Gynécologue, sage-femme et médecin traitant se focalisent sur la chorionicité. Celle-ci renvoie au rôle du placenta. Il existe alors trois types de situations possibles :
- Les deux fœtus possèdent chacun leur propre placenta et poche des eaux. C’est le cas le plus courant. Ils sont chacun indépendants. On parle de grossesse bichoriale-biamnotique.
- Autre cas, moins courant, les deux fœtus partagent le même placenta tout en ayant des poches des eaux séparées. Il s’agit ici d’une grossesse monochoriale-biamnotique.
- Enfin, dernier cas, très rare, les jumeaux partagent tout, le même placenta et la même poche des eaux. On parle alors de grossesse monochoriale-monoamniotique.
À retenir :
- Les jumeaux mixtes (un garçon, une fille) sont toujours des jumeaux dizygotes.
- Les jumeaux monochoriaux (c’est-à-dire partageant le même placenta) seront toujours des jumeaux monozygotes.
- Les jumeaux bichoriaux (deux placentas différents) peuvent être monozygotes ou dizygotes.
Les raisons d’une grossesse gémellaire
Alors, pourquoi vous ? Plusieurs facteurs peuvent conduire à une grossesse gémellaire. L’âge, la génétique, mais aussi les traitements contre la stérilité favorisent ce type de grossesse.
Le terrain génétique
La science est claire. Il existe un terrain génétique qui expliquerait la gémellité dizygote, notamment. Posséder plusieurs ovules par cycle se transmet génétiquement. Tomber enceinte de faux jumeaux serait donc en partie génétique. Ce gène est transmis par la mère. Ainsi, une fille issue d’une gémellité dizygote aura plus de chance une fois adulte de porter comme sa mère des jumeaux. Il existe un terrain héréditaire, mais ce n’est pas la seule explication.
L’âge de la mère
Tomber enceinte de jumeaux serait en partie lié à l’âge. Vous aurez plus de chance d’avoir des jumeaux ou jumelles monozygotes ou dizygotes si vous tombez enceinte assez tardivement (après 35 ans). Après cet âge, plusieurs ovulations sont observées par cycle menstruel (à cause de l’hormone FSH, plus présente avec l’âge). Plusieurs ovulations, signifie, plus d’ovocytes viables et donc plus de chance de développer une grossesse gémellaire.
Les traitements contre la stérilité
Enfin, le nombre de naissances de jumeaux et jumelles augmente d’année en année, surtout dans les pays développés. Cela est dû aux divers traitements contre la stérilité et aux diverses procédures de procréation médicalement assistées (PMA). Ces traitements viennent aider certaines femmes qui rencontrent des soucis pour tomber enceinte. Les traitements hormonaux qui sont censés optimiser, stimuler l’ovulation peuvent entraîner plusieurs ovules viables et donc fécondables. Il est aussi possible de développer une gémellité dans le cadre d’une FIV, Fécondation In Vitro ou d’une IA, Insémination artificielle.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors que la probabilité d’une grossesse gémellaire n’est que d’environ 1% naturellement, le taux augmente à plus de 10% en cas d’insémination artificielle et à plus de 13% en cas de FIV.
Quel est le suivi médical pour une grossesse gémellaire ?
Une grossesse gémellaire doit être suivie de prêt et de manière plus régulière qu’une grossesse classique. Le suivi obstétrical sera néanmoins différent selon la chorionicité. Un suivi plus strict et rigoureux sera réalisé pour les grossesses monochoriales-biamnotiques, notamment.
Une grossesse sous étroite surveillance
Avec plus de risques de complications, les grossesses gémellaires nécessitent un accompagnement particulier et un suivi médical complet. Échographies plus régulières, examens approfondis, suivi par des médecins spécialistes. Rien ne doit être laissé au hasard, pour vivre cette grossesse un peu différente et préparer l’arrivée des nouveau-nés.
La femme enceinte de jumeaux sera plus facilement anémiée et connaîtra plus de risques d’hypertension artérielle ou encore de diabète gestationnel. Elle sera, de plus, plus vite essoufflée, son cœur battra plus vite afin d’assurer une vascularisation nécessaire.
La future maman connaîtra de fortes fatigues pendant ses mois de grossesse. Porter deux fœtus qui se développent semaine après semaine nécessite beaucoup d’énergie. C’est pourquoi un congé maternité précoce ainsi qu’une activité physique réduite sont recommandés. Questions, appréhensions ou angoisses, la grossesse gémellaire peut être source de beaucoup de stress chez certaines femmes. Il faut alors savoir bien s’entourer. Un entourage présent et bienveillant est essentiel. Il faut aussi trouver des professionnels de santé rodés, à l’écoute et disponibles. C’est indispensable pour assurer un suivi sérieux.
La grossesse gémellaire au fil des trimestres
Au premier trimestre, les allers-retours aux toilettes sont très nombreux. La fatigue se fait sentir. Les nausées peuvent être vives. La gémellité accentue aussi les taux d’hormones dans le sang et le corps. En somme, les montagnes russes émotionnelles ! Lors de l’échographie de fin du premier trimestre, les deux fœtus sont bien visibles.
Au second trimestre, la prise de poids est plus visible. Le dos est douloureux. Habituellement, la prise de poids est de 15 kg environ. Inutile de manger pour trois ! Les médecins recommandent un apport supplémentaire de 600 kcal par jour.
Au troisième trimestre, les déplacements se font plus pénibles. Le ventre est encombrant et le sommeil difficile à trouver. Les jambes sont lourdes et gonflées. La fatigue est intense. Hydratation, repos et patience sont les maîtres mots, ici. La dernière ligne droite est longue pour beaucoup. Essayez de profiter des derniers instants de calme pour préparer l’arrivée des bébés (sans surmenage ! ) Prenez du temps pour vous (médiation, activité douce et calme). Et beaucoup de repos, encore et encore !
Échographies et examens
L’échographie de datation (à partir de 11 semaines d’aménorrhées) lève tout doute et permet de valider le développement de deux embryons en fœtus.
Certains risques, inhérents à la grossesse gémellaire, sont pris très au sérieux par les médecins. Dans le cas des grossesses monochoriales, le syndrome transfuseur-transfusé est un vrai risque. Comme les bébés partagent le même placenta, les échanges sanguins peuvent être inégaux et déséquilibrés. Des malformations ou des retards de croissance sont aussi possibles.
C’est pour cela que des échographies sont programmées très régulièrement :
- Tous les mois pour les jumeaux ou jumelles ayant des placentas différents.
- Toutes les deux semaines pour les jumeaux se partageant le même placenta.
Les prises de sang ainsi que les bilans médicaux sont réguliers et assez nombreux. Les bilans sanguins permettent de contrôler les potentielles carences ou anémies et de réajuster si nécessaire. Le fer fait défaut aux femmes enceintes, par exemple. La tension artérielle est aussi contrôlée de près par le médecin afin d’éviter tout risque de pré-éclampsie (maladie plus courante en grossesse gémellaire).
L’accouchement de jumeaux ou jumelles
Dans le cadre d’une grossesse gémellaire, l’accouchement déclenché est recommandé. Quand ils sont dans des poches séparées, un accouchement est possible à partir de 36 SA. Pour les grossesses monochoriale-monoamniotique (les plus rares et à risque), un accouchement déclenché à partir de 32 SA est possible.
Le gynéco, sage-femme et médecin discutent avec les futurs parents de l’arrivée des bébés. Ils parlent des risques de prématurité ainsi que de la césarienne. La césarienne est bien souvent requise pour mettre au monde des jumeaux ou jumelles.
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